Pacte de Marrakech - Le recrutement équitable, un impératif RSE

Pacte de Marrakech – Le recrutement équitable, un impératif RSE

Publié le 14 Déc 2018

Le recrutement équitable est aujourd’hui un enjeu incontournable pour assurer un travail décent aux centaines de millions de travailleurs migrants[1] qui œuvrent pour l’économie mondiale. Agir pour un recrutement équitable est une nécessité pour les États, qui en ont rappelé l’importance dans le Pacte mondial approuvé à Marrakech ce lundi 10 décembre, mais aussi pour les entreprises : c’est en effet devenu un impératif en matière de RSE, et un formidable outil pour prévenir les risques de travail forcé dans les chaînes de sous-traitance.

Un impératif dans les chaînes de sous-traitance

Dans son travail d’ONG de terrain, RHSF a pu constater à quel point les travailleurs migrants peu qualifiés, de plus en plus nombreux, sont dépendants des recruteurs de main d’œuvre (agences de recrutement et autres intermédiaires), qui sont au cœur des phénomènes de travail forcé de migrants. Pour avoir le droit de travailler dans un autre pays, ou parfois simplement dans une autre région de leur pays, les migrants sont obligés de s’adresser à des intermédiaires, officiels ou non, qu’ils doivent payer. Pour cela, ils vendent leurs terres ou leurs maisons, s’endettent à des taux usuraires… Des travailleurs venus d’Asie du Sud-Est peuvent ainsi payer l’équivalent d’un à deux an(s) de salaire pour obtenir un emploi d’ouvrier dans une usine manufacturière à Taïwan. Une situation qui peut mener à de la servitude pour dettes ou du travail forcé.

Et, rappelons-le, l’Europe n’est pas épargnée. En 2017, le Modern Slavery Index tirait la sonnette d’alarme : l’Europe est la région du monde où les risques de travail forcé ont le plus augmenté en 2017, en lien avec la « crise des migrants », particulièrement vulnérables aux risques d’abus.

Le recrutement équitable, un outil à saisir dans le cadre de sa politique RSE

En Europe et dans le monde, le recrutement équitable est donc un enjeu grandissant. Pour RHSF, c’est un outil RSE incontournable pour garantir un travail décent et prévenir les risques de travail forcé dans les chaînes de sous-traitance. En accord avec la démarche recrutement équitable qu’elle propose, RHSF a ainsi lancé en Asie, avec des entreprises donneuses d’ordre françaises, des fournisseurs et des acteurs locaux, un projet-pilote pour le développement d’une méthodologie d’évaluation des recruteurs de main-d’œuvre. Cette identification est aujourd’hui essentielle pour pouvoir travailler en confiance avec ses fournisseurs et prévenir les risques de travail forcé dans les chaînes de sous-traitance.

+ d’informations sur le projet Recrutement équitable en Asie de RHSF

Qu’est-ce que le recrutement équitable ?

Le recrutement équitable est un recrutement qui respecte les droits humains des travailleurs – dont le droit à la prévention et à l’élimination du travail forcé et du travail des enfants. Il passe notamment par l’absence de frais de recrutement pour les travailleurs, la signature d’un contrat clair et transparent, rédigé dans une langue que le travailleur comprend, l’accès des travailleurs à une information détaillée sur leurs droits, la liberté de se déplacer, de quitter son emploi et de rentrer dans son pays. Autant d’éléments indispensables pour prévenir les risques de travail forcé.

Que dit le Pacte mondial signé à Marrakech sur cette question ?

Approuvé à Marrakech ce lundi 10 décembre 2018, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières engage ainsi les Etats signataires à s’assurer que les travailleurs migrants sont recrutés de manière juste et éthique. Il suggère un certain nombre de mesures, notamment l’interdiction de mettre les frais de recrutement à la charge du travailleur et l’amélioration des réglementations applicables aux agences privées de recrutement (objectif 6 du Pacte).

[1] Selon les Estimations mondiales de l’OIT concernant les travailleuses et les travailleurs migrants (2013), on compterait 150 millions de travailleurs migrants internationaux. N’oublions par les travailleurs migrants internes. En 2009, le PNUD estimait le nombre de migrants internes à 740 millions.